vendredi 14 avril 2017

Seules les bêtes (Colin Niel)



Seules les bêtes

  •  Seules les bêtes (Colin Niel)
  • Broché: 211 pages
  • Editeur : Editions du Rouergue (4 janvier 2017)
  • Collection : Rouergue noir
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2812612029
  • ISBN-13: 978-2812612022


Mon résumé:

Evelyne Ducat a disparu, au milieu de la montagne.  Partie seule faire une petite randonnée, elle n’est pas rentrée. La police, prévenue par Guillaume Ducat (son mari) lance des recherches… et une enquête. S’agit-il d’un accident de randonnée ? S’est-elle perdue dans la tempête de neige ? L’hypothèse de la dispute conjugale ayant mal tournée est également envisagée. Mais les jours passent et la police piétine. Pourtant quelqu’un doit bien savoir quelque chose….

Mon avis :
J’ai commencé ce livre avec à l’esprit l’idée de lire une enquête policière sur la disparition d’une femme. Je pensais que la localisation de l’histoire, le causse, et le milieu paysan où se déroule allait sûrement donner une dimension supplémentaire et originale à l’histoire.
J’étais loin du compte, très loin. Je viens de finir ma lecture et j’en suis encore « sur le c… » (excusez ma grossièreté mais je ne trouve pas d’autre mot…).
Même si cette fois ci, l’enquête ne se déroule pas en Guyane, Mr Niel nous emmène quand même très loin. Très loin géographiquement mais surtout très loin, très profond dans le cœur des hommes et des femmes.
Au travers de ses personnages, il nous livre un portrait sans concession du monde paysan. Un monde où l’entraide ne semble plus de mise, un monde où le rendement semble être devenu le mot d’ordre. Un monde d’hommes qui se lèvent tôt et souvent ne se couchent pas. Un monde soumis à la nature. Et si les bêtes, dans les exploitations, vivent en troupeaux, les hommes eux sont seuls, très seuls.  Inexorablement seuls. Comment affronter cette solitude qui vous ronge les tripes ? Comment la supporter ?  Cette solitude que l’on oublie parfois dans les gestes du quotidien mais qui vous revient, tel un boomerang quand le soir vous éteignez la lumière.
J’ai été frappé, de voir que s’ils produisent de quoi nous nourrir, ces hommes et ces femmes… se nourrissent eux de boîtes de conserve. Ils aiment la nature, les bêtes … mais ils en viennent à haïr ces brebis et ces vaches qu’ils élèvent. Parce qu’à cause d’elles leur vie passe sans eux. Parce qu’à cause de quotas de rendement, ils ont dû abandonner leurs rêves et leurs projets. Leur vie.
Il est difficile de ne pas être touchée par Joseph, par qui s’est retrouvé seul sur son plateau, isolé dans un hameau seulement habité l’été par des touristes ? Joseph qui peut passer quinze jours sans voir personne ? Et que penser de Michel, qui d’ouvrier agricole est devenu propriétaire de la ferme … et de toutes les charges qui vont avec ? Michel qui ne fait plus que survivre, à côté d’Alice sa femme.
Je viens juste de refermer ce livre mais je sais que tous ces personnages créés par Mr Niel me marqueront longtemps. Je ne regarderai plus les reportages paysans à la télé de la même façon….
Du point vu de la forme aussi, Mr Niel fait fort. Il donne la parole aux protagonistes de cette histoire, plus compliquée qu’elle n’y parait. Et à chaque fois, la façon de parler colle exactement au personnage. Une bonne façon de rendre ses personnages si réalistes, si réels.
Ses descriptions de la vie paysanne, et surtout des lieux de l’histoire… je dirai juste « Waouh !!!! » C’est peut dire que de dire que j’ai eu l’impression de sentir la neige sur mon nez, d’entendre les brebis et les vaches… Et j’ai eu l’impression de ressentir moi aussi cette solitude pesante, celle qui peut pousser à … 

Un livre coup de coeur autant qu'un coup de poing!

Citations :

« Mais il y a une chose que les comptables ne mesurent pas, c’est la  honte qui enfle en silence à l’intérieur d’un homme. »
« Il faudrait peut-être réfléchir à une autre voie, qu’elle disait, soi-disant que de nos jours les gens ne font pas toute leur vie la même chose, qu’ils changent plusieurs fois de travail. Mais à ça aussi j’ai dit non. Je sais pas si je l’aime ce travail, mais ce que je sais par contre, c’est que j’ai pas envie d’en changer. Ou pas la force, ou pas le courage, mais ça revient au même. »

« Dans mon ventre, j’ai senti la boule qui revenait. Ou peut-être qu’elle n’était jamais partie. C’est là que j’ai compris. »
« Elle venait, elle m’apportait un peu de douceur, elle me disait des trucs gentils qui me faisaient du bien sur le moment. Mais après, elle repartait et ça recommençait, la boule revenait et grandissait même, c’en était douloureux quand je rentrais le troupeau le soir et que je savais qu’allait commencer une nouvelle soirée. »

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