dimanche 6 mars 2016

Atelier d'écriture 212



 © Claude Huré
 Merci à Bricabook et à Claude pour cette photo!
Alors c’est vrai ce que l’on m’a dit. Oui, c’est bien son nom qui est écrit ici. Et c’est bien son prénom à côté….
Marie… Deux syllabes. Ça fait des années que je ne les avais pas associées à son visage. Pourtant je ne les aie jamais oubliées.
Comment aurais-je pu oublier ? Comment aurais-je pu l’oublier, elle ? Comment ? Il y a des moments qui restent gravés à jamais. Même si l’on en parle à personne ; même s’ils sont placés sous le sceau du secret.
Je ne sais même pas pourquoi on avait décidé de rien dire ? Que faisions-nous de mal ?
 Nous étions des enfants, juste des enfants.
Rien de plus et rien de moins.
Deux enfants qui se donnaient dans la main dans la cour de récréation.
Deux enfants qui partageaient leur goûter.
Deux rêveurs….
Combien d’heures avons-nous passé à regarder les nuages ?  On s’allongeait sur le dos, dans la cour de récréation ou dans ce même parc, et on essayait de trouver des ressemblances avec des choses connues…
Après les nuages, ce sont nos heures de lecture que nous avons partagées. Des heures silencieuses, côte à côte, chacun plongé dans son livres. On ne parlait pas mais on échangeait.
Symbiose… La Force et fragilité peuvent-elles cohabiter ?
 C’est étrange que personne n’ai jamais vu ce lien qui nous unissait.
Et puis il y a eu le temps qui passe, les filles et les garçons qui sont rentrés dans nos vies respectives…. Des filles et des garçons qui nous ont séparées, l’air de rien …
Et le temps … L’oubli ? Non….
Pourquoi cette envie soudaine de pleurer, là au milieu de ce parc ? Ça fait tellement longtemps que l’on ne s’était pas vu… si longtemps. Mais c’est comme si elle était restée en moi, comme une blessure non cicatrisée.
Est-ce sur l’enfance que j’ai envie de pleurer ? Sur son décès ? Sur notre enfance à laquelle ce décès met le vrai point final ? Je sais qu’elle est finie depuis longtemps notre enfance… mais là, c’est comme si cette fin était irrémédiable ? Non c’est peut être à la possibilité de renouer que la présence de son prénom dans la rubrique décès met un coup d’arrêt.
Plus rien n’est possible.
Pas de retour en arrière.

2 commentaires:

  1. Un joli souvenir empreint de nostalgie.

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  2. Ohlala!....Tu m'as attrapé par le cœur et promené dans ton histoire,et en arriere-plan je le voyais le vieux monsieur sur le banc face à la rubrique nécrologique de son journal....Tout ce passé qui revient, et surtout la fin du possible....Et là tu m'as achevé!!J'ai tellement de mal avec le"trop tard"....Un bien joli texte autour d'une belle relation,de celle qui reste nichée au fond du cœur pour la vie.

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