mercredi 27 janvier 2016

Ta façon d’être au monde (Camille Anseaume)



Détails sur le produit


  •  Ta façon d’être au monde (Camille Anseaume)  
  • Broché: 234 pages
  • Editeur : Kéro (14 janvier 2016)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 236658184X
  • ISBN-13: 978-2366581843




Mon résumé :
Il y a «  elle ». Une petite fille très sage,  qui grandit sans bruit mais non pas sans s’interroger sur sa vie, sur sa façon d’être au monde, sur le fait qu’elle existe.
Dans son univers tout se fait sans bruit. Même le divorce de ses parents. Ayant l’impression que tout lui échappe, elle essaie de tout maitriser, de tout laisser propre, de ne pas laisser de trace. Mais elle n’y parvient pas. C’est une petite fille qui observe sans relâche le monde pour tenter de le comprendre.
Et puis un jour, à l’école, elle  «te » croise, toi dont la vie la fascine. Toi, dont la famille semble vivre sans y penser. Dans ta famille tout semble évident, normal. Tu as des frères, une sœur trisomique, mais tout semble aller de soi. Rien ne semble grave.
Rapidement elle rentre dans l’orbite de ta famille, jusqu’à en devenir un membre comme un autre. Tout semble écrit, jusqu’à ce vendredi soir, quand vous avez 26 ans.

Mon avis
2 fillettes qui grandissent l’une avec l’autre, l’une à coté de l’autre. Une amitié qui commence par une phrase banale. Mais une amitié où l’une reste dans l’ombre de l’autre. « Elle » voudrait être « tu », elle voudrait être une autre mais sans oser. Trop attachée à «toi », elle ne peut pas s’attacher aux autres, s’affirmer, être elle-même. Mais elle ne s’en rend pas compte. Elle grandit, pousse comme elle peut. A aucun moment, Camille Anseaume ne juge ni l’une qui l’autre, ni celle qui suit, ni celle qui mène la danse sans s’en apercevoir.  Il y a un vrai respect, une vraie tendresse de la part de l’auteur pour ses héroïnes et cela transparait dans ses mots, dans l’humour.  
Jamais « elle » et « tu » ne sont nommées. Ce pourrait être vous. Ce pourrait être moi. C’est peut être pour cela que les mots sont aussi forts. C’est peut être pour ça que l’histoire de ces deux jeunes femmes touchent autant le lecteur, le prend  aux tripes.
Après le «  Dix ! » de Ghislaine Bizot, c’est un autre portrait magnifique de femmes que j’ai découvert sous la plume de Camille Anseaume.  Une fois encore ce sont des mots qui frappent fort, des mots qui poussent le lecteur dans ses retranchements, dans son intimité. Impossible de ne pas être touchée, de ne pas se retrouver un peu dans l’une ou l’autre de ces jeunes femmes. Les mots sonnent juste. Sans pathos, sans  exagération, ils tombent juste sur la corde des émotions. Ils visent en plein dans le mille, en plein dans le cœur. Il y a de l’humour, un humour tout doux qui fait sourire le lecteur.
Je suis tombée sur ce livre un peu par hasard mais c’est un livre coup de cœur- coup de poing à découvrir.

Citations

 «  Je crois qu’elle occupe juste son temps à vérifier qu’elle existe. »
«  Il photographie comme on tue. Derrière son appareil pour ne pas être vu, son père est un assassin qui abat le temps de sang-froid. »

«  Il y avait juste parfois le silence qui hurlait »
«  Elle a froid, aussi elle vérifie qu’elle a bien son pull et son manteau. C’est sa peau qui lui manque, elle l’a laissé sur le quai qui s’éloigne. »
«  C’est bizarre, quand je suis contente ça me rend triste parce que je me dis que quand ça sera fini je serai triste. »

«  Tu lui as dit que la tienne était trisomique, elle a répondu que la sienne était  capricorne. »

«  Tes parents pensent à une indigestion. Ils ont raison, c’est la fin de l’enfance qui te reste sur l’estomac. »

«  Elle qui travaille si dure pour réaliser sa chance, elle pense que tu n’es pas foutue de te confronter au pire pour regarder la tienne en face. »

«  Vous êtes sans doute les seuls à ne pas voir que vous vous regardez. »

«  Elle n’est la salope de personne, elle est la courageuse de ceux qu’elle a quittés, parce que c’est mieux pour eux. »
«  Elle préfère ceux qui ne l’aiment pas ou en aiment une autre. D’abord parce que ne pas l’aimer est une preuve de leur intelligence. Aussi parce qu’elle se sent avec eux une affinité immédiate, comme s’ils étaient soudain du même bord, elle aussi préfèrerait fréquenter une autre peau que la sienne. »

«  A peine le temps de se remettre de l’attente qu’il faut déjà se préparer à l’abandon. »

«  Un seul appel, un seul jour, un seul baiser. Mais il n’y a pas des promos sur les années. Rupture de stock du temps qu’il reste. »

«  On dit «  réunis par le malheur », mais c’est un mensonge. Il n’y a pas un malheur, on a chacun le sien. »

«  Avant que tu ailles, peut-être. Pour l’instant tu es, et c’est déjà pas mal. »
«  Mourir un vendredi, c’est un peu impoli. Quant à mourir un vendredi de printemps, ça frôle même l’indécence. »

«  On envisage jamais vraiment la possibilité de parler de ses amis à l’imparfait. Naturellement on les conjugue au présent ou au passé composé. »

«  Ma boussole à perdu le nord et maintenant je n’ai plus personne à imiter, j’erre dans cette vie qu’il me semble de plus en plus avoir si peu fréquentée. »

2 commentaires:

  1. Ce que tu en dis me tente, j'adore les romans coup de coeur - coup de poing.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il n'est pas toujours très gai mais il m'a parlé , il m'a atteinte en plein coeur... n'hésitez pas à me dire si vous le lisez!!! j'espère que vous ne serez pas déçu!

      Supprimer