dimanche 22 février 2015

Non-dits (Gisèle Fournier)



 Détails sur le produit

  •  Non-dits (Gisèle Fournier)
  • Broché: 158 pages
  • Editeur : Editions de Minuit (19 août 2000)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2707317160
  • ISBN-13: 978-2707317162
  • Dimensions du produit: 18,5 x 13,5 x 1,4 cm



 Mon résumé et mon avis

Ça commence un peu comme la chanson «  Quatre murs et un toit » de Bénabar. Mais la maison que revient visiter Mathilde est à l’abandon. Et ses murs n’ont pas vu que le bonheur. Les cris qui y ont résonné, ont surtout été des cris  de colère, et plus que les discussions ce sont les silences qu’il faut écouter pour comprendre ce qui s’est passé.
Car pas besoin de meurtre ou de sang pour être dans une atmosphère de violence. Dans cette maison, les mots dits, suggérés, non-dits, les regards ont été plus meurtriers que des couteaux.
Ceux de Mathilde, Lisa, Léonce, Camille, Thomas, et Léa ont été destructeurs.

Il y a des livres que l’on prend un peu par hasard, sur un coup de tête (un peu comme les bonbons à la caisse au supermarché. Parce qu’ils sont là posés sur la table de la bibliothèque. Parce qu’on aime la collection. Ce fut le cas pour moi avec «  non-dits ».Il faisait partie d’une sélection «  les éditions de minuit » à la médiathèque. Pas de résumé derrière, seulement des critiques dithyrambiques. J’ai cédé à la tentation.
Et les silences des personnages m’ont frappée de plein fouet. Chacun à leur tour, comme dans un confessionnal, les personnages nous racontent comment on peut mutuellement se  détruire à coup de non-dits. Comment les secrets, (vrais ou faux) découverts ou à garder, comment les omissions, les occultations (plus ou moins volontaires), les rumeurs peuvent ronger. A quel point l’amour peut se transformer insidieusement en haine.
Je n’en dirai pas plus sur l’histoire, je laisse le lecteur s’y plonger. J’espère que comme moi, vous serez pris au piège de cette histoire. J’ai aimé la plume de Mme Fournier qui oblige le lecteur à devenir un détective. En ne nommant pas explicitement qui est le narrateur, elle oblige le lecteur à se transformer en détective, à essayer de déduire des mots, des dialogues rapportés, quel est le personnage qui parle. Impossible de rester en marge dans ce livre.
J’ai maintenant très envie de poursuivre ma découverte de cette auteur.


Citations :
«  A présent, je sais que le temps à tissé ton piège. Le temps, ou autre chose. D’un fil invisible, et pourtant solide. Parfois le soupçon m’effleure que je l’ai aidé. Mais les époques se mêlent s’enchevêtrent. Comme les saisons que j’ai vues passer. Une à une. Et dont il ne reste rien. Juste un souvenir confus. Quelque chose de lointain, de vague, comme la trace d’un livre lu il y a longtemps. »

«  En épousant Camille je rachetais la vie de mon père consacrée pour une large part à servir et à enrichir le sien. Et je biffais d’un trait une infériorité dont la conscience avait douloureusement marqué mon enfance. »

«  Car j’ai pensé que je n’avais rien à perdre. J’avais beau chercher. Je ne trouvais rien. Rien qui pût m’inciter à aller de l’avant. Ni même me retenir vraiment. J’étais en état de simple survie. Pouvait-on satisfaire de cela ? Non. J’avais répondu non. Et cependant c’était cela qui m’arrivait. Une survie qui n’avait pas d’autre but qu’elle-même. »

«  Un matin de dégoût. De soi. De tout. Ces heures où l’on ne peut rien faire. Le temps vacant. A fixer le néant. Ne pas penser plus loin. Ne pas se souvenir non plus. Et je suis là, en équilibre. Accroché à une bribe de présent. Arc bouté contre une force qui voudrait m’annuler. Mais je prends le malheur de toutes parts. Il se diffuse. Il m’imprègne. Bientôt, il me dissoudra. »

«  Peut-être trop occupé à se protéger du mensonge et de la méchanceté. De la folie aussi. Oh, pas de celle que l’on séquestre ou que l’on assomme à coups de substances chimiques. Non. Une dissonance, un décalage. Une folie sournoise. »

«  J’aurais du aller lui casser la figure à Thomas. Je ne l’ai pas fait. Pas par lâcheté. Mais pour refuser à cette monstruosité la moindre réalité. Ne pas bouger c’était la refouler. Et c’était briser tous les enchaînements possibles. »

«  Comment nouer ensemble tous ces fils et tisser une histoire cohérente, où chaque évènement trouve sa place, sinon sa signification. La mienne, la nôtre est un chaos, un amas de fragments épars et disparates dans lequel on doit bien cependant pouvoir discerner un sens, un enchaînement. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire