lundi 27 octobre 2014

La tardillonne (Suzy Maltret)



Détails sur le produit

  •  La tardillonne (Suzy Maltret)
  • Poche: 184 pages
  • Editeur : LES 2 ENCRES (19 décembre 2012)
  • Collection : Encres nomades
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2351685202
  • ISBN-13: 978-235168520


Résumé 

A la ferme, ils sont quatre.
Il y a le grand-père qui l’emmène parfois faire des promenades. Il l’effraie un peu mais elle l’aime bien.
Il y Antoine, son fils. Antoine a du renoncer à son rêve d’enseigner pour se marier et prendre la succession de son père à la ferme. Parfois, Antoine part. Pendant 2 ou trois jours il ne donne pas de nouvelles. D’autres fois, il est là mais semble ailleurs, loin….
Il y a Clara, la patronne, qui gère tout. Pas de temps pour s’arrêter, pour avoir des sentiments… surtout avec ce bon à rien de mari (Antoine !). Il faut faire tourner la ferme, vendre le lait, le beurre, s’occuper des animaux, des champs.
Et il y a, elle, Amélie., la fille de Clara et Antoine. Amélie, née 17 ans après sa sœur. Amélie, la tardillonne, qui voudrait comprendre le monde qui l’entoure, qui cherche sa place. Amélie qui tente de grandir, de devenir une femme malgré la froideur de sa mère.
Même si Julia, une employée de la ferme, s’occupe bien d’elle, Amélie rêve d’un baiser, d’’un geste tendre de la part de sa mère…
Car  comment grandir, se construire en sachant que l’on n’a pas été désirée ? Comment devenir une femme au coté d’une mère qui n’offre aucune affection, aucun refuge contre les pleurs ou aucune réponse aux questions de l’enfance ?


Mon avis :

Voila encore une petite pépite. Un livre coup de cœur et coup de poing.
L’écriture est forte. Les mots, les phrases prennent aux tripes. On a mal pour Amélie, on voudrait que ses tentatives pour obtenir des preuves d’affections de sa mère aboutissent. Mais chaque fois….
A aucun moment l’auteur ne tombe dans le moralisme, dans le misérabilisme ou  dans la critique gratuite. Au-delà des mots,  on sent qu’elle a pour Clara une sorte de « pitié » pour cette femme froide, si étrangère au monde merveilleux des sentiments. L’auteur aussi voudrait que Clara se laisse aller et montre à son affection à sa fille. Car elle l’aime sa fille et on le comprend implicitement, derrière les mots et les non-dits… Mais Clara semble incapable de le montrer, de le dire, comme si on ne lui avait pas appris à le faire, comme si on ne lui avait pas appris à  oser aimer.
 Heureusement, il y a le papa. Ce papa sans arrêt rabaissé par sa femme. Ce papa qui tente de compenser l’absence de tendresse. Ce papa qui, un jour lui révèle le secret de ses absences. Un secret qui va permettre à Amélie de connaitre l’amour d’une « presque mère ». La maladresse de cet homme à montrer ses sentiments est touchante. Le personnage est touchant.
Je pense qu’Amélie restera longtemps dans ma mémoire.

J’ai découvert ce livre au salon Lire en Val l’année dernière et je regrette d’avoir tardé à le lire.

Citations :

«  Sait-on que les petites filles étouffent dans un univers étroit et qu’il leur faut voir le monde pour se fabriquer des souvenirs. »

« Que se passe-t-il chez son père ? Que se passe-t-il qui n’est plus à sa place comme les morceaux d’un puzzle dont on n’aurait plus retrouvé les pièces ? »

«  Ce n’était pas qu’elle était gênée, c’est qu’elle ne savait pas, c’est que l’amour peut-être là aussi doit se mesurer et que les interdits en font partie. L’amour doit se ranger, se taire se terrer et non se blottir. »

« Elle le dit Amélie, elle le répète et elle pleure sur l’épaule du père, elle pleure son enfance, à la fois en recherche d’amour, à la fois de la peur et de l’amour, elle pleure de ce qu’elle ne comprend pas et de ce qui va devoir arriver, elle pleure d’un amour trop pleine, de l’enfance solitaire, de ce qu’elle attendait et qui n’est pas venu, du silence de leurs vies, de sa venue au monde, du dit et du non-dit. ».

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