dimanche 30 mars 2014

Les nouveaux malheurs de Sophie ( Valérie Dayre)





  •  Les nouveaux malheurs de Sophie  ( Valérie Dayre)
  • Poche: 165 pages
  • Editeur : L'Ecole des loisirs (7 novembre 2001)
  • Collection : Médium
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2211062989
  • ISBN-13: 978-2211062985



Quand j’ai vu ce livre sur la table du salon du livre «  Lire en val » de Chevreuse , j’ai été intriguée par le titre. Je l’ai pris et, après voir parcouru le résumé j’ai pris mon courage à deux mains pour demander à l’auteur si le sujet abordé n’était pas un peu difficile pour des jeunes lecteurs… Elle m’a répondu qu’il était plutôt destiné aux ados et aux jeunes adultes.
Je l’ai acheté (fait dédicacer par la même occasion) et dévoré ce matin.
Et il ne m’a pas laissé indifférente.


Le point de départ était léger :pour répondre à la question de son fils «  qu’est ce qui fait grandir, une femme se souvient…
Petite fille  elle a été invitée avec sa mère par sa tante, dans le sud. Elle habitait Roubaix. Elle était la 2ème d’une fratrie de 6. C’est donc avec joie qu’elle a accepté d’aller passer une semaine seule avec sa mère, chez sa tante, à la montagne. Elle y a  enfin rencontré ses deux cousins, Grégoire et Violaine, et Cora, leur mère. Les beaux objets, la maison, les nouveaux jeux, tout ce nouvel environnement l’a enthousiasmé, émerveillée.
C’est aussi pour elle l’occasion de rencontré Félix, un ami de ses cousins, issus d’un milieu moins aisé, que Cora a invité presque par charité. Malgré le comportement de sa tante et de ses cousins envers Félix qui la met mal à l’aise, quand sa tante lui propose de venir passer un mois avec eux, au moins de juillet suivant, dans leur maison de Nice, Sophie saute sur l’occasion. Mais le deuxième séjour ne passera pas pareil.   C’est un séjour qui la fera grandir.

Dans ce livre on est loin de l’univers enfantin des bêtises de l’héroïne de la Comtesse de Ségur. C’est quasiment de maltraitance et de cruauté qu’il est question ici. L’auteur pose également la question de notre capacité à réagir, à dénoncer des comportements anormaux.

 Chaque personnage de cette histoire m’a fait réagir.
La tante  d’abord. C’est une femme imbue d’elle-même, qui se sent supérieure à sa sœur et sa nièce. Elle se révèle également cruelle, et malsaine.  Les cousins sont à l’image de leur mère.
Sophie  m’a touchée, émue. C’est une petite fille que l’on voit grandir au fil du roman. Elle commence par se laisser éblouir par les beaux atours de sa tante. Elle en vient presque à avoir honte de sa mère. Mais sensible à l’injustice comme le sont les enfants,  elle sent bien en même temps que le comportement de ses cousins n’est pas normal. Elle essaie de réagir mais n’ose pas trop s’opposer par peur d’être rejeter, de susciter la colère de sa tante, et surtout de ne pas être crue par cette dernière. Lors de son voyage en solo chez ses cousins, elle voit son univers s’écrouler. Elle voudrait s’en ouvrir à sa mère par ses lettres mais elle n’ose pas car elle sait que sa correspondance est lue.
En même temps elle se sent coupable, coupable d’avoir accepté avec autant de joie son séjour, d’avoir fermé les yeux sur la cruauté de ses cousins envers Félix lors de son premier séjour. Elle est obligée de grandir trop vite.

Lors de ma lecture, je me suis demandée pourquoi l’auteur  développait autant le premier séjour de Sophie, les relations des cousins et de la tante avec Félix, alors que la partie sur le séjour à Nice était plus courte.  J’ai compris pourquoi.
Pas besoin pour l’auteur de s’étaler sur les injustices subies par Sophie, ses phrases simples, sans fioritures sont claires et par conséquent percutantes. L’absence de détails donne leur poids aux faits qui en apparaissent encore plus cruels.
C’est vraiment un livre dense, intense que je ne regrette pas d’avoir lu !!!

Citations :
« Elle se sent seule, soudain. Sa vie pas si jolie que celle des cousins, plus lourde à porter. »



« Sophie se demande pourquoi sa tante parle de Félix à la troisième personne en sa présence. […] Ou bien parce qu’elle est gentille et qu’on ne dit pas directement à quelqu’un, en face, « tu es tordu » ?



«  Quand on se range du coté des plus forts, ce n’est pas forcément par lâcheté… Parfois c’est simplement par aveuglement ou par ignorance. »



«  Sophie s’interroge mais c’est comme si la question tournait à vide et inlassablement dans son esprit. Elle sait fort bien ce qui se passe. C’est sous ces yeux mais elle ne le voit pas. Ou elle ne veut pas savoir qu’elle voit. Les sons lui parviennent très distinctement mais elle ne veut pas les entendre. »



«  Tu es petite encore mais comme tu changes. Je suppose que je dois l’accepter. C’est aussi ça, avoir des enfants : admettre que toutes les influences extérieures les ballottent. « 



«  Pleine de honte et de suspicions envers elle-même, soudain. Elle a l’impression de ne jamais dire ou faire ce qu’il faut. Ce sont sans doute ses maladresses qui déclenchent chez Cora et ses cousins ces regards hostiles, méfiants. »



«  Quand on est une grande fille qui a insisté, décidé toute seule, contre l’avis de sa maman de comment, où et avec qui elle passerait ses vacances, on ne dit pas non plus qu’on a le cœur qui saigne de l’indifférence aussi soudaine qu’inexpliquée des cousins auprès de qui la vie était si merveilleuse trois mois plus tôt. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire